Texte écrit par Jean Pierre Delest à l'occasion de l'exposition "vertical horizon" à la gallerie Caroline Tresca à Paris en Juin 2015:
New York : l’horizon vertical
Voilà un peintre de l’abstraction figurative. Qu’est-ce à dire ? Que l’art traduit le réel ? Vision du monde ? Est-ce parce qu’il a vécu aux États-Unis pendant 25 ans et qu’il considérait New York comme un grand monstre que la rencontre s’est faite sur la toile ? Oui, probablement. Un grand monstre d’un côté et la lumière de l’autre. Le peintre au milieu quelque part a fixé sur le lin tendu l’influence de l’une sur l’autre et l’inverse, ou comment la lumière trouve son chemin dans l’espace construit et façonné par les poutrelles d’acier, le béton et les murs de verre. Comment elle y pénètre, s’y faufile et s’y pose avant de disparaître derrière une façade, un angle d’immeuble impitoyable, un soleil sur le déclin.
La forêt de buildings de Manhattan sous la pluie, par exemple, donne une double idée de la réflexion lumineuse : la verticalité et son immense jeu de reflets qui, de bas en haut, structure le regard ; et l’horizon fondu dans une rue humide. Pour Frédéric Choisel, la pluie sur New York adoucit la ville qui s’illumine d’une dimension presque humaine. Monstre romantique, autre Venise, nouveaux scintillements. Vision du monde, disions-nous.
Techniquement, le travail de Choisel prolonge les contrastes de la mégapole. La lumière est là, mais le soleil se cache en permanence. Les noirs y sont profonds comme des arrière-cours ou des ruelles sombres (sur le papier, un mélange de vernis à base d’alcool - le shellac - et de fusain). Les couleurs, un mélange d’huile et de pastel pour la fraîcheur des teintes et le rendu des émotions.
Résultat : Frédéric Choisel réorganise notre perception du réel. Ses lignes aspirent l’œil vers le haut. Le corps s’élève vers la lumière. On a la tête en l’air. J.P Delest